Dans cet article paru dans la revue de gestion des ressources humaines 2022 / 4 N° 126, Éric Gautier, David Moriez et moi-même, nous avons voulu montrer que définir la raison d’être d’une organisation est un acte fondateur puisqu’il permet de faire sens de ses actions. Cette responsabilité incombe, en premier lieu, aux membres de l’équipe de direction, qui sont chargés, à travers les orientations stratégiques qu’ils définissent, de veiller à ce que l’identité organisationnelle soit correctement traduite en actions. Cependant, leur conscience de l’identité organisationnelle n’est pas toujours immédiate et peut nécessiter l’aide d’un consultant pour la clarifier.
Dans une première partie nous avons défini le cadre théorique et avons été particulièrement sensibles à la différenciation des perspectives fonctionnaliste, psychodynamique, postmoderne et interprétative de l’identité organisationnelle (He & Brown, 2013); nous avons ensuite souligné l’interrelation entre la spiritualité et l’identité se jouant dans la quête de sens. Enfin nous avons remarqué combien les consultants pouvaient jouer un rôle dans la clarification de l’identité ou des valeurs en ayant recours à des outils, dont un a retenu particulièrement notre attention.
Cette recherche qualitative s’appuie sur l’observation participante de consultants utilisant un outil pour révéler la singularité de leurs entreprises clientes et les résultats de 35 entretiens avec des membres d’équipes de directions ayant participé à cet exercice. C’est l’occasion de remercier Patrick Mathieu qui nous a permis d’accéder à un terrain riche et à partager ses conceptions de la singularité des dirigeants et des organisations.
Cette recherche vise également à détecter la place de la spiritualité par l’entremise du consultant dans l’accès au sens. Les résultats montrent que les membres des équipes de directions effectuent un voyage intérieur d’approfondissement et d’alignement sur ce qui constitue la singularité de leur organisation. Ce faisant, ils peuvent mieux définir le cadre de l’action stratégique et managériale en formalisant les principes rationnels, émotionnels et également spirituels de gestion.
Dans notre discussion des résultats, nous évoquons l’importance de cet alignement à l’identité comme la marque d’une nouvelle verticalité, non plus hiérarchique (dans une époque qui a vu les structures organisationnelles s’aplatir) mais plus intérieure, plus spirituelle. Car cette verticalité permet en réalité une forme de connexion. Nous discutons également du recours à des outils de catégorisation dans ce modèle original et européen tiré des travaux de Dumézil.
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